Un parfum d’Hollywood dans le football
Cette fin de saison de la dieci Challenge League promet un maximum de suspense. Avec le FC Sion et le FC Thoune, ce sont deux clubs diamétralement opposés qui luttent pour la promotion directe.
Les ingrédients d’un duel passionnant? Pour cela, avant tout il faut des rivaux adéquats. Car plus ils sont antagonistes plus il y a d’émotions pour les spectateurs. Dans cette situation, difficile de rester neutre. Rapidement, le cœur penche d’un côté et on attend avec une certaine fébrilité l’issue du duel.
Tous les films sur le sport utilisent ce procédé. Lorsque Hollywood porte une histoire à l’écran, les rôles sont toujours clairement définis. Le pauvre boxeur issu d’un milieu défavorisé luttant contre un athlète surentraîné, l’équipe de basketball composée d’un groupe d’amis rencontrant un dream team hors normes, l’équipe de football exemplaire se heurtant à des joueurs violents. Chacun s’attire ainsi des sympathies.
Mais l’univers du grand écran susmentionné n’a pas grand chose à voir avec la réalité. Ceci dit, la course à la promotion de cette année dans le dieci Challenge League pourrait très bien servir de matière pour faire de bons films. Car la lutte pour la promotion directe – au coude-à-coude – entre le FC Sion et le FC Thoune, oppose les deux clubs les plus antagonistes de la ligue.
D’un côté: le FC Sion, l’un des grands du football suisse. Deux fois champion de Suisse, 13 fois (!) vainqueur de la coupe. Les stars du football s’y sont succédées, du champion du monde argentin Nestor Clausen aux légendes italiennes Gennaro Gattuso et Mario Balotelli. Son président Christian Constantin aime les grands événements et se rend aux matchs à l’extérieur au volant de sa Ferrari ou en hélicoptère. Mais le FC Sion incarne aussi sa région comme personne. Il allie les Haut-Valaisans germanophones et les Bas-Valaisans francophones et est le représentant le plus emblématique du canton, bien que se sentant souvent boudé. Le vénérable stade de Tourbillon, toujours bien fréquenté, bat au rythme de sa longue histoire, dans une ambiance unique dans le pays. Émotionnel, impulsif, passionné – tel est le FC Sion.
De l’autre: le FC Thoune, dont on cherche en vain le nom dans les annales. Très longtemps, il a été totalement inexistant sur la grande scène du football. Et quand enfin il y a fait son entrée, de nombreux supporters de la ville se sont détournés vers le brillant voisin. Son président Andres Gerber ne se donne jamais de grands airs, les joueurs spectaculaires sont plutôt mal vus dans l’Oberland, sans parler des joueurs au parfum de scandale. On mise plutôt sur des footballeurs intégrés sur le plan humain, honorables et fiables. Pour nombre d’entre eux, c’est l’occasion de saisir une deuxième chance, mais l’on préfère puiser dans les joueurs formés au club: le onze (!) titulaire est exclusivement composé de joueurs maison – nulle part ailleurs ils sont aussi nombreux. Ici, on ne travaille pas à coups de millions, on fait ce que l’on peut avec ce que l’on a. Correctement, avec humilité et sympathie – tel est le FC Thoune.
Les deux clubs ont adopté les mêmes couleurs: rouge et blanc. Bien qu’aux antipodes l’un de l’autre, géographiquement ils sont proches, seulement séparés par le Lötschberg. Le fait que précisément Sion et Thoune se disputent la seule place de promotion directe de la dieci Challenge League, même les scénaristes les plus perspicaces du tout Hollywood n’auraient pu le prévoir.
Pour les supporters, l’équation est simple: se faire livrer une délicieuse pizza à domicile et regarder cette passionnante fin de saison. dieci souhaite à tous beaucoup de plaisir à suivre ce captivant duel de géants!